Interview : Giuseppe Garau ou l’obsession Hitchcockienne

D’origine italienne, Giuseppe Garau est un réalisateur prometteur. Après avoir brillé dans la réalisation de documentaires, il revient cette année avec Sette Pizze, un mystérieux court métrage sélectionné pour le Festival Européen du Film Court de Brest.

J’ai réalisé que c’était un film sur l’urgence de faire de l’art.

Bonjour Giseppe. Sette Pizze est un court métrage à la fois merveilleux, sombre et mystérieux. Comment l’idée vous est-elle venue ?

Ciao! Je voudrais d’abord vous remercier pour l’intérêt que vous portez à Sette Pizze. J’avais cette idée en tête depuis 3 ans avant de commencer le tournage. C’est une idée sortie de nulle part, comme la plupart de mes idées de films qui a ensuite grandit. Au début j’étais simplement attiré par l’idée d’un livreur de pizzas. Je pensais juste que c’était la parfaite condition pour un personnage : être forcé à frapper à la porte d’un étranger. Ensuite j’ai réalisé que je voulais une fille pour le rôle principal car ça pouvait être plus intéressant et moins cliché. Il y a trop d’homme protagonistes. Le reste du scenario s’est mis en place et m’a hanté pendant longtemps.

Quel message souhaitiez-vous faire passer à travers Sette Pizze ?

Au départ, il n’y avait pas de message particulier. Mais pendant la préproduction, j’ai réalisé que c’était un film sur l’urgence de faire de l’art. Faire de l’art est plus une condition qu’un choix, l’argent est juste une excuse. Ce qui compte vraiment c’est l’artisanat, le processus. Mais généralement je commence à comprendre un film et la raison pour laquelle je l’ai fait, quand il est fini et que je regarde le montage final.

Quelle place occupe le mystère dans vos réalisations ?

Le mystère n’est pas quelque chose de spécifique que je cherche quand j’écris. Mais je pense que tout le mystère dans Sette Pizze est une conséquence de mon obsession  pour Alfred Hitchcock. Plus je tourne, plus je réalise à quel point ses influences ont un impact dans mes films. Je pense que son travail est du pure cinéma et parfois je pleure presque si je pense à combien il était grand.

Si je devais définir mon univers, je dirai que c’est l’univers d’un petit garçon.

Les documentaires occupent une place importante dans vos réalisations. Vous avez remporté de nombreux prix pour vos films. Pourquoi cette passion ? Est-ce pour vous une façon de mettre en lumière la réalité ?

J’aime le travail de réalisateurs qui observent la réalité. Mais ce n’est pas mon cas. Je cherche plus à découvrir la vie des gens au travers de rencontres. J’ai quelque chose avec les biographies. J’en lis beaucoup, principalement sur des gens du cinéma. J’ai réalisé deux documentaires et tous les deux étaient sur des gens extraordinaires. Je fais ça parce que j’ai envie d’apprendre plus et aussi car je veux que le public découvre des histoires incroyables.

Auparavant, j’étais éditeur donc l’une de mes parties préférées du processus c’est le montage. Tu voyages dans différents endroits, rencontres des gens qui connaissaient la personne sur qui tu fais un film. Tu enregistres leurs mots, et ensuite après des mois de travail tu es tout seul avec le montage. Tu te repasses leurs mots et leurs histoires tellement de fois qu’ils font parti de ta propre vie, tu as presque l’impression que ceux sont des amis de longue date alors que tu ne les as rencontré qu’une fois.

Donc ensuite tu les revois pour la projection, après des mois de montage, et tu veux les prendre dans tes bras. Après tout ils t’ont fait rire et pleurer pendant des mois. Mais tu es presque un étranger pour eux. C’est gênant. Ensuite à la fin de la projection ils te prennent alors dans le bras et te murmure « merci. Dans la vie elle était exactement la même personne que ce que nous avons vu dans le film. » Ce sentiment est incroyable,  même si vous êtes des étrangers les uns pour les autres, il y a maintenant un lien entre vous.

C’est arrivé seulement grâce au film.

Comment définiriez-vous votre univers ?

Je ne suis pas très bon avec les mots, mais, je peux dire que j’ai mis tout mon univers dans Seven pizzas. J’aime le cinéma non conventionnel et classique: moins de mouvement de caméra, moins de mots, moins de shots.

Je m’efforce toujours à avoir le parfait cadre et je suis obsédé par raconter l’histoire avec des images plutôt que des phrases.J’ai un profond respect pour mon audience, je veux les divertir et les faire oublier leur vie en entrant dans un autre monde.

Si je devais définir mon univers, je dirai que c’est l’univers d’un petit garçon.

Sélectionné pour le Festival du Film Court, Sette Pizze est en compétition dans la catégorie européenne. Alors rendez-vous le jeudi 9 novembre pour découvrir ce mystérieux court-métrage !

Extrait de Sette Pizze