Interview Tokou : Un jeune talent plein d’honnêteté

À seulement 23 ans, Tokou a déjà tout d’une grande artiste. Repérée sur les réseaux sociaux grâce à son humour et sa belle dose d’honnêteté, c’est aujourd’hui derrière la caméra que la jeune femme se dévoile. Rencontre avec un talent en plein essor.

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Une belle image est la première chose à laquelle je pense même parfois avant d’écrire.

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Bonjour Tokou. Pour ceux et celles qui n’ont pas encore la chance de te connaître, peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ?

Je m’appelle Tokou Bogui, j’ai 23 ans et je fais depuis un peu plus d’un an des vidéos humoristiques sur les réseaux sociaux (Instagram – Facebook et Twitter). Depuis peu, je me professionnalise dans  la réalisation et la scénarisation. Bien que ces deux choses ont toujours été une grande passion pour moi.

À seulement 23 ans, tu es devenue en l’espace d’une année un véritable phénomène sur les réseaux sociaux grâce à ton humour totalement décomplexé. Comment t’es venue cette vocation pour la comédie ?

Quand j’étais plus jeune, je rêvait d’être comédienne. Peut-être pas dans l’humour mais en tout cas être devant les caméras. J’obligeais mes sœurs et mes copines à venir tourner dans les petits « films » que j’inventais et on les tournait avec une webcam. C’était très amusant, en tout cas pour moi. Et j’ai su que je voulais travailler dans le milieu du cinéma, même si j’ai du abandonner cette idée un moment. Ce n’est que quelque années plus tard que j’ai trouvé ma vocation.

Comédienne mais également cinéaste en herbe, tu viens de réaliser dans le cadre du Nikon Film Festival Je suis un combat, un court métrage puissant sur le racisme, qui fait écho à l’affaire Adama Traoré. Pourquoi avoir choisi de réaliser ce film criant de vérité ?

J’ai décidé de faire ce film car il s’agit dans un premier temps d’un sujet tabou qui ne devrait pas l’être : les violences policières. Ça va même au delà du racisme, bien qu’il en est également fortement question. C’est un sujet qui me tient à cœur et qui ne devrait en aucun cas être passé sous silence ou être négligé. La police n’est pas là pour nous tuer, mais pour assurer notre protection qu’importe le milieu social ou culturel duquel on vient. Et selon moi, nous devrions tous partager cette idée, qui est quand même élémentaire et en plus de ça tous combattre contre cela. À travers ce film je ne dis pas « Tous les flics sont des enfoirés et des tueurs » pas du tout, et encore heureux. Ce que je dis c’est ce que DES policiers font du zèle, DES policiers tuent, ça demeure impuni, on blâme les victimes et il faut que ça cesse.

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Je ne cesse d’écrire.

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Avec Je suis un combat , tu sors de ton univers humoristique pour rejoindre le genre dramatique. Peut-on dire que tu es aujourd’hui là où on ne t’attend pas ?

Je ne sais pas vraiment où les gens m’attendent, je l’avoue. Mais je ne veux pas me cantonner à un seul style. J’ai envie d’essayer divers univers dans lesquels je me sens bien. Je n’ai pas envie de me restreindre et de bloquer ma créativité.

À travers cette première réalisation, nous découvrons un certain goût prononcé pour l’esthétisme. Je suis un combat est un film muet, en noir et blanc, qui se démarque notamment par sa très belle photographie. La beauté de l’image occupe-t-elle une place centrale dans ton travail ?

Une place énorme. Je suis quelqu’un qui est très touché par le visuel et la musique et selon moi, dans certains cas, c’est amplement suffisant pour transmettre des émotions, des messages. Par moment les images en disent plus que les mots, les musiques aussi. Les images peuvent remplacer un long discours et nous dire ce que mille mots n’auraient su expliquer clairement et nous faire comprendre à tous et parallèlement, les images peuvent laisser libre court à ton interprétation. Une belle image, bien que l’expression soit très subjective, est la première chose à laquelle je pense même parfois avant d’écrire.

Comment imagines-tu ton avenir : sous la lumière des projecteurs en tant que comédienne, ou bien dans l’ombre en étant derrière la caméra ?

Honnêtement je me vois beaucoup plus derrière la caméra, c’est un univers qui m’attire plus. Créer et donner naissance à ses idées, à son imagination. Pour moi il n’y a rien de mieux. Après, je ne suis pas réticente à être sous les projecteurs de temps en temps mais être derrière la caméra m’attire beaucoup plus.

Quels sont tes projets futurs ?

Je vais sortir des vidéos humoristiques sur YouTube prochainement, toujours sur le thème de l’humour. J’ai également quelque courts métrage en préparation qui je j’espère aboutiront comme je le désire. Et après si Dieu le veut, faire des long métrages. Je ne cesse d’écrire.

Si tu devais définir ton univers en un mot, lequel serait-il ?

Je dirais Honnête.