Voici notre second coup de cœur du Festival du Film de Sarlat, Les éblouis, de la comédienne, scénariste et réalisatrice Sarah Suco.
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« Camille, 12 ans, passionnée de cirque, est l’aînée d’une famille nombreuse. Un jour, ses parents intègrent une communauté catholique basée sur le partage et la solidarité dans laquelle ils s’investissent pleinement. Peu à peu, la jeune fille doit accepter un mode de vie qui remet en question ses envies, sa vie sociale, et ses propres tourments ». Avec ce film aux forts échos autobiographiques, Sarah Suco dessine sa propre enfance passée de l’âge de 8 à 18 ans dans une « communauté charismatique » aux dérives sectaires. Un témoignage plus que poignant qui interroge et informe.
Si Camille Cottin est placée en tête d’affiche, c’est bien Céleste Brunnquell, interprétant le rôle de Camille, qui fait toute la force de ce récit. La jeune comédienne est incroyable et semble avoir parfaitement compris les enjeux de son personnage et plus globalement du film. Camille Cottin, de son côté, est aussi très juste dans un rôle où on ne l’attend pas, celui d’une mère qui a perdu tout recul, qui devient folle, happée par la « communauté des colombes ». Elle nous confie : « Au début je ne voulais pas jouer ce rôle. En lisant le scénario j’avais envie de mettre des gifles à cette mère. Je ne la supportais pas. Puis j’ai compris qu’elle était victime. ». Avec ces actrices brillantes, le film fait vrai et c’est glaçant.
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Aujourd’hui encore, en France, entre 50 000 et 90 000 enfants font partie de communautés religieuses dont ils sont victimes. Mais, comme on nous l’explique, la réalisatrice ne pointe pas du doigt la religion catholique ou ses parents mais elle accuse la dérive sectaire de certaines communautés dont elle garde encore de durs souvenirs. Des communautés où l’épanouissement des enfants est difficile, leurs rêves vite brisés.
Côté réalisation, Sarah Suco jongle parfaitement entre les scènes intenses voire violentes, rythmées par le cadrage, et celles où l’émotion et la violence psychologique résident dans un calme pesant. Les éblouis est un film à voir. Rendez-vous en salles dès le 20 novembre pour le regarder. Un immense bravo à la réalisatrice.
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Arthur Morard