Songeur, poétique et magique, Phil de Thibault Gilles est un court-métrage purement hypnotique. Pour cette première réalisation, le jeune cinéaste a choisi de démontrer qu’avec peu de choses, on peut rendre les choses exceptionnelles…
Capturer l’instant présent
Les gestes ont remplacé les mots. Phil est un court-métrage particulièrement ambitieux, qui se démarque par son absence totale de dialogues. Car pour se rapprocher au plus près de la solitude de l’homme, quoi de mieux que le silence ? Ce film, long de 15 minutes, dresse l’étonnant portrait d’un radar automatique humain, destiné à prendre des clichés de véhicules en excès de vitesse. C’est à la fois abstrait, insensé et touchant. On y découvre le quotidien prédéfini de cet homme (brillamment interprété par l’acteur Philippe Pillavoine), seul dans sa boîte, puisant son énergie en capturant des photos de personnes qui, contrairement à lui, croquent la vie à pleines dents. De ce scénario plein de mystère, surgit tout un tas de questions : D’où vient ce radar humain ? Pourquoi est-il présent jour et nuit ? Que fait-il là ? Des interrogations auxquelles on ne peut apporter des réponses… Et c’est bien là que réside toute la magie de ce court.
Aucun mot n’y est prononcé (si ce n’est un cris de révolte venant du personnage principal). Mais la musique, elle, est bien présente. La mélodie choisie pour illustrer le film est entraînante, joyeuse et quelque peu entêtante, ce qui permet de donner un aspect répétitif au scénario. On y retrouve une ambiance mystérieuse et imaginaire qui rappelle certains films, comme Mr Nobody (2010) de Jaco Van Dormael. Phil nous offre une fin ouverte, charmante et inattendue, bien à l’image de cet agréable court-métrage. Original, tendre et poétique, le film est une très belle réussite de son réalisateur, qui avec cette œuvre sa première réalisation. Et sans doute bien loin d’être sa dernière…