Explosif et rafraîchissant, drôle et réconfortant, intelligent et nécessaire, À mort le bikini ! est une petite pépite qui soulève une multitude de questions en lien avec l’éducation. Amitié fille-garçon, relation parent-enfant, quête d’identité et contraintes de la société… Retour sur cette irrésistible ode à l’enfance réalisée par la Canadienne Justine Gauthier.
Des enfants déchaînés au bord d’une piscine, une bande son de rock électrique, des arrêts sur image à répétition et des prises de vues filmées au smartphone… Le générique de début de film donne tout de suite la tendance : avec À mort le bikini !, pas de répit ! Dès les premières secondes, nous ressentons la frénésie jubilatoire de l’enfance. Du haut de ses dix ans, Lili est une jeune fille au caractère affirmé. La majeure partie de son temps, elle le passe avec ses amis, tous des garçons. Et quand il s’agit de faire un saut dans la piscine, Lili fait, elle aussi, tomber le bikini. Si elle ne voit aucun problème à se baigner torse nu, ses parents préféreraient qu’elle recouvre sa poitrine lors de sa prochaine sortie aux glissades d’eau. Mais pourquoi cacherait-elle son torse plat alors que ses amis n’ont pas à le faire ? Pour quelle raison devrait-elle se plier à cette norme sociale imposée ?
Le poids des codes sociaux
Sans jamais tenir de discours moralisateur, ce court métrage québécois livre une réflexion profonde sur les contraintes genrés qui nous sont imposées dès l’enfance. Malgré toute l’innocence propre à son âge, Lili comprend très vite que son corps commence à être sexualisé avant même qu’il ne soit formé. La scène dans la cabine d’essayage en est un parfait exemple. Seule face au miroir, elle tente d’accepter ce haut de bikini qui recouvre sa poitrine inexistante. Une dizaine de photos de femmes en maillot de bain tapissent la cabine et semblent la confronter à la dure réalité des diktats de la beauté.
À mort le bikini ! met également en avant l’empathie des parents. En réalité, leur volonté d’imposer le haut de maillot à leur fille ne semble être liée qu’au poids des codes sociaux. Que diront les autres parents et enfants s’ils voient une fillette se baigner torse nu ? Quels regards porteront-ils sur elle ? Dans une scène touchante, nous découvrons le père de famille dire à Lili : « Tu sais, on ne sera pas là maman et moi aux glissades d’eau ». Une manière subtile de lui rappeler qu’elle reste libre de ses choix.
Une amitié au-dessus des genres
Outre ces différentes thématiques percutantes, À mort le bikini ! offre une vision ultra-rafraîchissante de l’amitié intersexe. Rares sont les films où nous découvrons des garçons prendre soin des filles, se montrer solidaires envers elles et les considérer comme leurs égales. Et c’est justement ce que met en avant ce court métrage bienveillant. Mention spéciale pour la scène finale, aux glissades d’eau, où les amis de Lili la soutiennent en portant, eux aussi, un bikini. C’est hilarant et tellement bien pensé. Car après tout, pourquoi le haut de maillot serait-il réservé aux petites filles ?