De Ridley Scott à Tristan Séguéla, Fiona Valinski n’a pas à rougir de ses premiers pas dans le cinéma. Dans un entretien exclusif, la jeune comédienne se livre sur un début de carrière fulgurant auquel elle n’avait jamais osé rêver. Rencontre.
Tu es passée par le studio parisien Actors Factory, une formation unique et intensive de trois ans. En es-tu ressortie changée ?
Grâce à cette formation, je suis devenue comédienne du jour au lendemain. Avant ça, j’étais serveuse, assez malheureuse de ne pas vivre de ma passion, et cette école m’a remise sur les rails. Dès notre arrivée en première année, nous avions pour obligation de lancer nos carrières immédiatement, et de ne surtout pas attendre la fin de notre formation.
Si, au bout de trois mois, nous n’avions pas de book ou passé aucun casting, nous étions virés. Et ce fut pour moi le boost nécessaire pour m’y mettre à fond, tout de suite. Grâce à ça, j’ai rapidement décroché mon premier rôle pour une publicité. Et je pense sincèrement que ça ne serait pas arrivé sans la motivation fournie par cette école. Pendant la formation, j’ai pu, pour la première fois, apprendre de vraies méthodes d’acting et de développement personnel que j’utilise encore aujourd’hui.
Tu es apparue pour la première fois au grand écran dans le film The Last Duel de Ridley Scott. Comment se retrouve-t-on, du jour au lendemain, dans une telle superproduction hollywoodienne ?
C’était assez terrifiant au début. En plus, le Covid est arrivé au même moment, le tournage a été mis en pause, et à tout instant, je m’attendais à ce que mon rôle soit supprimé pour diverses raisons. Une fois le tournage repris quelques mois plus tard, nous avons fait une quarantaine dans un hôtel à Dublin, pour des raisons sanitaires. Grâce à ces deux semaines, j’ai pu prendre le temps de réaliser pleinement ce que je vivais et j’ai commencé à vraiment profiter. Le tournage n’en restait pas moins super impressionnant. Les costumes, les décors reproduits parfaitement en studios, c’était la magie hollywoodienne par excellence, dans la campagne irlandaise.
Travailler avec des stars de cette envergure était aussi très intimidant, mais j’ai été si bien accueillie par Adam Driver et Ben Affleck que je me suis tout de suite sentie à l’aise (la présence d’une coordinatrice d’intimité m’a également beaucoup aidé). Mais honnêtement, le plus impressionnant restera ma rencontre avec Ridley Scott. J’ai grandi en regardant Thelma et Louise, c’est l’une des œuvres qui m’a le plus forgée durant mon adolescence. Être castée sur un premier grand film était mon rêve, mais être castée pour Ridley Scott, ça, je n’avais osé y penser.
Des formats courts, longs, mais aussi des séries, puisqu’on te retrouve dans deux fictions à succès, The New Look et Tapie. Justement, ton rôle dans Tapis a-t-il marqué un tournant dans ta carrière ?
Je dirais que oui et non. C’est un rôle qui m’offre clairement plus de visibilité, même à l’international, car Tapie a pas mal fonctionné à l’étranger. La série m’a fait décrocher des castings, mais je n’ai pas d’agent, je continue de travailler seule. En revanche, j’ai reçu de précieux conseils lors du tournage qui, eux, ont marqué un tournant dans ma manière d’appréhender le métier.
As-tu imaginé, voire rêvé, accéder si tôt dans ta carrière à une visibilité accrue au niveau international ?
Non jamais, je n’aurais cru que mes premiers rôles seraient d’aussi grosses productions internationales, et que je rencontrerai autant de si grands acteurs et actrices. Certains me disent que je dois en profiter, car ces occasions risquent de ne pas se reproduire de si tôt. Je préfère me dire que ça n’est que le début. Mais je suis déjà super reconnaissante de toute l’expérience que ça m’apporte.
Tu poursuis ton chemin aux côtés de Tristan Séguéla, puisque tu seras prochainement à l’affiche de son nouveau long métrage, Mercato. Peux-tu nous parler de ta collaboration avec ce réalisateur ?
J’ai déjà appris beaucoup de choses à ses côtés. C’est quelqu’un qui aime travailler dans la bonne ambiance, qui apprécie vraiment de mettre en scène une histoire, et il m’a tout de suite fait me sentir à ma place. J’avais beaucoup d’angoisses au début et ça m’a aidé à me détendre sur ses tournages comme sur les autres, et à retrouver du fun dans le fait de jouer et d’oser tester de nouvelles choses pour les personnages.
Côté court métrage, tu joues cet été dans Speechless de Lottie Andersen. Peux-tu nous en dire plus sur cette réalisation ?
Nous sommes encore en phase de castings pour trouver un dernier acteur, donc je ne peux pas encore trop en dire. Je peux seulement dévoiler que le sujet du film parle du harcèlement et des agressions dans le milieu artistique. C’est un sujet qui forcément me touche, car on y a tous été confrontés d’une manière ou d’une autre. Il y a encore beaucoup de choses à exprimer sur ce sujet et j’aime beaucoup la vision que Lottie en a.
Quel rôle rêves-tu d’incarner à l’écran ? Et pourquoi ce choix ?
J’aime beaucoup le style fantasy et historique, comme Le Seigneur des Anneaux, Games of Thrones ou encore Viking, et j’adorerais incarner n’importe quel personnage de ces univers, mais surtout une guerrière. Le côté cascade et chorégraphié d’escrime me passionne et représente un superbe challenge. Je suis également fan de science-fiction et mon rêve ultime serait de mettre en scène une fiction de ce genre.
Tu as lancé ta carrière en explorant le théâtre Shakespearien. La scène était-elle une porte d’entrée dans le cinéma ou souhaites-tu remonter un jour sur les planches ?
C’était clairement une porte d’entrée dans le cinéma, notamment au début. Le 7ᵉ art fut une de mes plus grandes passions depuis toute petite, avant même que je sache que je voulais devenir actrice. Mais c’est vrai qu’avec le temps et l’expérience, on se rend compte de ce qu’on a gagné au théâtre en tant qu’acteur. C’est un travail titanesque qui apporte une expérience indéniable, qui te fait constamment sortir de ta zone de confort. Donc même si le théâtre n’est pas mon premier amour, j’aimerais beaucoup relever le défi à nouveau et remonter sur les planches, mais peut-être pas pour tout de suite.
As-tu d’autres projets à venir ?
D’autres courts métrages pour la fin de l’été et à la rentrée, en parallèle des castings. Mon principal objectif est de faire en sorte que ma carrière continue à l’international, donc je vais bientôt passer quelques mois aux États-Unis pour me former encore un peu plus, et y faire des rencontres. Mais avant ça, j’aimerais beaucoup réaliser mon premier court métrage.
Si tu devais définir ton univers en un mot, lequel serait-il ?
Je dirais ambitieuse ; je ne suis pas Capricorne pour rien. J’ai toujours eu des rêves assez grands, mais pendant longtemps, je ne me suis pas donnée les moyens de réussir. Mais dès que j’ai commencé à agir, sortir de mon état de rêveuse et petit à petit relever certains défis que je croyais impossible, je me suis rendu compte que j’étais capable de tout faire.