En 2016, Le Repas dominical, court métrage récréatif et mélancolique de Céline Devaux, recevait le César du meilleur film d’animation. Un an plus tard, la réalisatrice revient avec Gros Chagrin, une réalisation à mi-chemin entre la vidéo et le dessin.
À la fois nostalgique et dérisoire, Gros Chagrin est un court métrage d’animation qui dépeint avec une grande singularité le déchirement d’un couple. Le temps d’un quart d’heure, Céline Devaux dévoile les dessous d’une rupture sentimentale. On y suit les déboires de Jean (incarné par Swann Arlaud), jeune homme tourmenté par sa séparation avec Mathilde (interprétée par Victoire du Bois). L’ambiance du court est à la fois cafardeuse et cocasse, à l’image de cette histoire d’amour perdue.
C’est avec une grande satisfaction qu’on retrouve dans Gros Chagrin, le caractère si spécifique à la réalisatrice. Il y a deux ans, on découvrait dans Le Repas dominical, l’univers particulier de la jeune femme, adepte du style graphique. Un univers où l’outil de narration se veut très fort et où l’image remplace ainsi les mots. Cette originalité visuelle est une fois encore bien présente dans ce dernier court métrage, récemment présenté au Festival Européen du Film Court de Brest en Compétition Made In Breizh. Les plans alternent entre des images réelles montrant l’intimité du couple et des scènes animées en noir et blanc dévoilant l’actuelle solitude de Jean. On se retrouve ainsi au cœur de la relation conflictuelle des deux amants, à se remémorer les souvenirs qui ont précédé cette rupture inévitable.
En mariant une fois encore les deux genres narratifs, Céline Devaux apporte un énième éclat à son travail cinématographique. Gros Chagrin a été récompensé par le Prix du Meilleur Court Métrage à la Mostra de Venise et a reçu une nomination pour le European Film Award.
Une belle reconnaissance qui révèle une fois encore, toute la virtuosité de cette réalisatrice.