Une nuit. Deux hommes. Deux inconnus. Une station-service. 22€50. Un scooter. Voici les mots qui renvoient au très touchant courtmétrage de Vasilis Kekatos, The distance between us and the sky.
Ce film, c’est la rencontre entre deux personnages perdus qui marchandent le prix de la distance qui les sépare d’Athènes, de la « distance qui les sépare du ciel », autrement dit de la distance qui les sépare d’une belle histoire.
La caméra, elle, ne tient jamais compte de la distance qui la sépare d’eux, elle est toujours très proche. Le spectateur est ainsi pris en otage tout au long du film et devient presque voyeur. Des gros plans s’enchainent tantôt sur leurs visages qui s’apprivoisent, tantôt
sur les lovebirds en origami que tient un des deux garçons. Ces lovebirds, eux déjà tourtereaux, sont évidemment leurs alter-égos. Alter-égos de deux personnages incarnés avec une impressionnante facilité par Nikolakis Zeginoglou et Ioko Ioannis Kotidis.
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On oscille entre des dialogues crus et d’autres plus poétiques qui traduisent une drague un peu maladroite mais qui est subtile et fait très vraie. Le tout est ancré dans un huis-clos, la station, qui éloigne les protagonistes de toute temporalité, de tout espace et qui leur permet de se laisser aller dans leur conversation. Enfin, la situation évoque implicitement le climat politique de la Grèce, avec un personnage dans une situation financière délicate, bien
que la crise ne soit pas ici au centre.
Avec ces constats, on comprend pourquoi le Festival de Cannes a attribué l’an dernier la Palme d’Or du court métrage ainsi que la Queer Palm à Vasilis Kekatos pour son film. The distance between us and the sky offre à un sujet, abordé déjà de nombreuses fois, une mise en scène de maître.
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