« Finale » : Rencontre du Troisième Age

Fin de vie ? Pour qui et pourquoi ? Ce n’est pas parce qu’on est en Ehpad qu’on doit s’arrêter de vivre. On aime, on s’amuse, on s’emmerde… comme n’importe qui de n’importe quel âge. Stephan Castang nous embarque, avec son trio d’acteurs, vivre le temps d’une finale de Coupe du Monde, un instant de leur fin de vie.

L’histoire se déroule pendant la Coupe du Monde 2018. Tout le monde ne parle que de foot de partout. Pendant ce temps, Chantal et François vivent une histoire d’amour récente. Sauf qu’ils ont dépassé les soixante-dix ans et que Chantal est mariée à Jean-Pierre. Ce dernier vit ses derniers jours en Ehpad. François, lui, avait élu domicile chez sa fille, mais va se retrouver à la rue car il se donne dans le trafic d’haschisch pour arrondir ses fins de mois. Chantal oscille entre les souvenirs de sa vie avec Jean-Pierre et son amour naissant pour François.
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Une histoire d’amour d’adolescents transposée dans le monde du Troisième âge. Mis sur le banc de la société à cause de leur âge avancé.
Quand on a vécu une vie de rockstar comme Jean-Pierre, difficile de se retrouver cloué dans un fauteuil devant une télé… Il a envie de liberté mais se meurt dans son silence. Chantal se souvient de sa vie avec Jean-Pierre et des chansons qu’il chantait tout le temps. Mais que reste-t-il de ces moments si ce n’est quelques photos jaunies par les années ? Et François, n’espère-t-il pas recevoir de l’amour de la part de sa fille alors qu’il se fait mettre à la rue comme un ado qui aurait fait une bêtise.
Photo : « Finale »
Ce court métrage nous montre avec pudeur les derniers instants de nos aïeux, eux qui ont eu une vie comme nous avant nous, eux qui veulent encore s’aimer, s’embrasser, s’amuser et parfois même se fumer un pétard. Ils ne sont pas encore mort. Ils ne le seront que quand ils auront décidé de fermer les yeux… Encore faut-il les laisser vivre.
L’image naturaliste donne aux plans fixes et aux gros plans une forme de sincérité proche du témoignage ou du documentaire. Pas d’effet de style tape à l’œil ici, l’essentiel est devant nous, ce sont ces comédiens. C’est une des forces du film. Mais parfois on peut se demander si avec un peu plus de moyens certaines séquences n’auraient pas été encore plus fortes : plus de figurants pour ne pas voir toujours les mêmes têtes, moins de gros plans pour aérer un peu la mise en scène.
On retrouve un trio composé de Francois Chattot, Chantal Joblot et Jean-Pierre Kalfon. Des Rolls-Royce du jeu ! Ils tiennent le film par leur simple présence. Pas besoin de trop parler, un regard suffit pour comprendre ce que leurs personnages endurent.
Un sujet fort intéressant traité avec beaucoup de douceur. Un beau témoignage pour montrer que nos aînés méritent plus d’attention et de libertés. A l’heure où l’on parle des retraites dans les hautes sphères ce film résonne étrangement.

Mickael Cohen