Interview Domien Huyghe : Un univers sombre et récréatif

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Nouvelle interview, nouvelle rencontre. Aujourd’hui, nous partons à la découverte de Domien Huyghe, le réalisateur prometteur du court métrage Maverick. Découverte.

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La fantaisie de l’enfant est un outil puissant pour faire face au chagrin, mais elle peut aussi être un peu dangereuse.

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Bonjour Domien. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas, pourriez-vous nous en dire plus sur vous ?

Je suis cinéaste belge. Je suis diplômé de l’académie de Gand et j‘ai voyagé en Europe dans des résidences d’écrivains étonnantes comme Cinekid et Midpoint TV-launch afin de pouvoir raconter mes histoires de la meilleure façon possible. J’aime me concentrer sur des thèmes qui sont difficiles à discuter dans la vie réelle, comme le deuil d’un parent décédé. Je crois sincèrement que ce film est le média idéal pour raconter des choses aussi difficiles.

Votre court métrage Maverick voyage dans de nombreux festivals internationaux, notamment au Festival Courts d’un soir à Montréal. Est-ce pour toi une fierté ?

C’est évidemment le cas. C’est une histoire personnelle et cette sélection en festival signifie que les gens arrivent à se connecter à l’histoire. Et c’est la plus belle récompense qu’un film puisse obtenir ; être compris et faire voyager les gens d’une façon ou d’une autre. « Maverick » a voyagé à travers le monde, mais ce sera la première fois au Canada. C’est donc un honneur d’avoir une sélection aux Courts d’un soir.

Maverick est un film de science-fiction. Il traite de la reconstruction mentale d’un enfant après la mort de son père et de l’imagination débordante qui découle de ce traumatisme. Comment ce scénario est-il né ?

Outre le fait que je suis terrifié à l’idée de voler, cette histoire vient de ma propre expérience. Après la mort de mon père, j’ai toujours fantasmé sur qui il était. Peut-être que c’était un espion international en mission pour la sécurité du monde. Ou bien un gangster ? Mais je n’ai jamais parlé de lui avec ma famille. Alors, après un temps, j’ai commencé à oublier qui il était VRAIMENT. Comme ma fantaisie a repris sa vraie image, je voulais recréer ce sentiment avec « Maverick ». La fantaisie de l’enfant est un outil puissant pour faire face au chagrin, mais elle peut aussi être un peu dangereuse.

Il y a quelques années, je me rendais à Cannes lorsque j’ai entendu parler de l’avion allemand qui s’était écrasé dans les Alpes françaises. Je me suis donc posé la question suivante : « Imaginez un enfant jouant avec un pistolet fabriqué par soi-même, qui pense qu’il a abattu un avion ».

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La vie n’est pas toujours brillante et sans danger, alors pourquoi être brillants et en sécurité dans les films ?

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Quel message voulez-vous transmettre à travers ce film?

De parlez quand vous êtes triste. Quand vous êtes en deuil. Quand quelqu’un vous manque. Ne pas éviter cette conversation. Les enfants en ont besoin pour suivre le processus de deuil. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire un deuil. Donc, ne pensez pas que vous êtes un étranger si vous vivez l’expérience d’une manière différente. Et n’ayez pas peur d’utiliser votre imagination pour surmonter les moments difficiles. Juste ne pas ignorer la vrai vie.

C’est un film avec un esthétisme assez sombre. Pouvez-vous parler de ce choix autour la photographie ?

C’est une ode à la nostalgique des années 80. J’ai grandi avec des films comme « E.T. », « Les Goonies », etc… c’est un style amusant avec lequel jouer et j’ai pensé que c’était le bon style pour cette histoire. Je n’ai pas peur du sombre dans les films destinés au jeune public. La vie n’est pas toujours brillante et sans danger, alors pourquoi être brillants et en sécurité dans les films ? Je crois que la cinématographie ajoute beaucoup à la quantité de l’aventure du film. Donc, le public devrait aussi vivre une aventure à travers l’histoire, à travers le personnage principal. Et pour s’enraciner, il le fera hors de la forêt sombre.

Quels sont vos projets futurs ?

Je développe actuellement mon premier long métrage. Un film familial/fantastique sur la dure réalité du deuil d’un un père décédé et accepter les changements que ça apporte dans une famille. Mais cette fois, cela se passe en 2020 avec une adolescente qui vit dans un petit village de pêcheurs et qui rencontre un monstre étrange. En plus de cela, je travaille sur une série télévisée sur le trafic illégal d’organes. Pas pour un jeune public cette fois…

Si vous deviez définir votre univers en un mot, lequel serait-il ?

La cour de récréation.

Découvrez le teaser du court métrage Maverick