« Je suis désolé » : pardonner l’impardonnable

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Intense et dérangeant, avec son court métrage Nikon Film Festival, le réalisateur Charles Cabon multiplie les émotions. Je suis désolé ouvre les portes à un sujet aussi cruel qu’alarmant, la pédophilie.

Scénariste, comédien mais aussi réalisateur, Charles Cabon est un jeune talent polyvalent qui s’épanouit aussi bien derrière que devant la caméra. Pour sa participation au Nikon Film Festival 2019, il brise la loi du silence. Je suis désolé, court métrage qu’il a lui-même écrit et réalisé, est un drame perturbant sur la pédophilie. Nous nous retrouvons au centre d’un groupe de parole, dans lequel des personnes tentent de grandir ensemble. On y fait la rencontre de Philippe (interprété par Benoit Thiebault), un homme venu demander de l’aide après avoir commis un acte irréparable ; l’abus sexuel d’une enfant. Les regards accusateurs et antipathiques du groupe se dévoilent au cours de l’histoire. Puis, c’est au tour d’une nouvelle personne de raconter sa souffrance. Des sanglots dans la voix et le regard abattu, nous comprenons que cette femme (incarnée par Victoria Raufaste) n’est autre que la victime de Philippe. Une chute finale bouleversante.

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Troublant par l’intensité de son propos et la finalité de son histoire, le film soulève, en l’espace de 140 secondes, de nombreuses questions. Comment pardonner l’impardonnable ? Comment réussir à se reconstruire après une enfance volée ? Des questionnements profonds, traités sans artifice mais avec un grand réalisme. Face à la redondance du sujet, le jeune réalisateur Charles Cabon a pris un risque important. Il s’est aventuré avec audace, comme beaucoup d’autres avant lui, sur ce terrain sensible pour proposer aux spectateurs un court métrage loin d’être ordinaire. Je suis désolé émeut autant qu’il trouble. Une réalisation soignée avec des comédiens qui vivent pleinement leur rôle complexe.

Nous nous retrouvons pris d’assaut par cette histoire aussi émouvante qu’intolérable. Un film court tout simplement saisissant.