« Da Yie » : Tragique virée nocturne

Le court métrage Da Yie de Anthony Nti se présente comme notre second coup de coeur du Festival de Clermont-Ferrand. Retour sur une oeuvre puissante qui aborde la traite d’enfants sur le continent africain.

Originaire du Ghana, le réalisateur Anthony Nti révèle à l’écran un univers teinté de réalisme et miroir de la société. À travers ses personnages principaux, souvent jeunes et innocents, il met en lumière le vie des enfants du Ghana, comme avec Kwaku (2015), le portrait immersif d’un garçon. Avec Da Yie, Anthony Nti aborde une thématique plus sombre, plus menaçante, celle du trafic d’enfants dans le pays.

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Sélectionné dans la Compétition Internationale du Festival de Clermont-Ferrand, Da Yie n’a pas laissé les spectateurs indifférents. Pendant près de vingt minutes, nous sommes portés par deux jeunes personnages au tempérament à la fois fort et touchant. Comme la plupart des enfants de leur âge, Prince et Matilda sont assoiffés de liberté. Avides d’aventures et épris de curiosité, ils vont aveuglément se laissés guider par un étranger et ainsi déroger aux règles familiales. C’est le début d’une nuit tragique pour ces deux aventuriers…

Da Yie est une oeuvre immersive qui s’élève en puissance pendant tout le film et qui éclate finalement à la dernière seconde. Un sentiment d’insécurité permanente inonde l’intrigue. Nous sommes là, impuissants, spectateurs d’un théâtre menaçant. Du haut de leur jeune âge, Prince Agortey et Matilda Enchill brise littéralement l’écran. Ensemble, ils révèlent une sombre réalité qui perdure encore aujourd’hui. Celle de milliers d’enfants insultés, battus ou agressés et forcés de travailler comme pêcheurs, porteurs et pour le tourisme sexuel. Et si la scène finale se révèle être saisissante, ce n’est rien à côté du générique de fin qui rend un hommage bouleversant à tous ces jeunes à l’enfance envolée. Rassemblés au centre de l’image, les regards rivés sur la caméra, tous élèvent leur voix pour lutter contre la traite humaine.

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Bande-annonce de Da Yie

Mégane Bouron