Unique par sa forme, puissant par sa résonance, Physique de la tristesse de Theodore Ushev est un court métrage animé qui fait face à la nostalgie de l’enfance. Une nostalgie qui, un jour ou l’autre, nous ramène inévitablement dans le passé…

Multiprimé au Canada, Physique de la tristesse continue sa traversée internationale en rejoignant cette année le Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand. Trois ans après le succès de Vaysha l’aveugle, Theodore Ushev revient avec une œuvre non dénuée d’émotion qui parle d’exil, de désenchantement et de jeunesse. Adapté du roman Physique de la mélancolie de Gueorgui Gospodinov, cette fiction animée est en quelque sorte le récit autobiographique du réalisateur qui, comme son personnage principal, a dû quitter la Bulgarie pour rejoindre le Québec à la fin des années 90. Une œuvre donc très intimiste et empreinte de pudeur qui se révèle face à nous…

Réalisé avec de la peinture à l’encaustique, une technique unique dont Theodore Ushev est le premier à utiliser, le film fait renaître les souvenirs d’un homme qui se remémore son enfance et notamment sa relation avec son père disparu. Ce lien père-fils est omniprésent dans le récit, d’autant plus que les artistes qui prêtent leur voix aux personnages ne sont autres que Xavier Dolan et son père Manuel Tadros.

Physique de la tristesse apporte une profonde réflexion sur la symbolique de nos souvenirs. Il s’attarde à révéler le sens qu’on donne à des objets à la fois tellement dérisoires mais pourtant si précieux : un emballage de bonbon synonyme d’amour, une figurine en plomb qui évoque la mort, ou encore un poster d’une vieille voiture qui symbolise l’enfance. Des milliers de souvenirs liés à un instant, à un lieu, à une personne.

La technique d’animation est bouleversante et libère toute l’émotion que renferme cette histoire. Il existe une magnifique fusion entre la beauté des illustrations et le discours très personnel du narrateur. Si personnel qu’il est difficile de se demander comment une œuvre si singulière peut finalement raisonner si profondément en nous.

Car pour Theodore Ushev, ce récit intérieur est universel : « j’avais l’impression d’y trouver, non seulement ma propre vie, mais celle de toute une génération également. »

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